Pourquoi apprendre ?
« Pourquoi apprendre ? », me dit un adolescent sur un ton blasé. « Pourquoi apprendre puisque j’oublierai les deux tiers de ce que j’ai appris et que le reste ne me servira pas à grand-chose ? » J’aurais pu lui parler du rôle des études dans la formation intellectuelle. Se référant à la raison pratique, je lui aurais répondu en évoquant les diplômes, les possibilités d’établir sa situation dans la vie, de faire une carrière ?
Mais pour répondre à cet adolescent moins blasé sans doute qu’il ne voulait bien le montrer, j’ai choisi d’autres arguments. En effet, cet aimable provocateur, ce charmant petit Socrate, pour sa délectation* personnelle, voulait m’amener à entrer dans un jeu où il serait gagnant puisqu’il prévoyait mes objections et savait par quelles insolentes pirouettes il pourrait y répondre. J’ai préféré puiser dans mon expérience enfantine d’une pédagogie sauvage et dont finalement je ne me plains pas puisqu’elle a ouvert à ma curiosité les portes du savoir et fait de moi un éternel étudiant. Et j’ai évoqué une idée toute simple qu’on oublie généralement : l’idée de plaisir.
Celui qui a le bonheur d’accéder à ce bien précieux, la culture, doit en connaître les joies. Malheureusement, ce n’est pas le cas du plus grand nombre. J’ai visité beaucoup de comités culturels d’entreprises. Il y a là des gens de bonne volonté qui mettent toute leur énergie à éveiller des intérêts pour le livre, le disque ou le spectacle. Ils savent que l’homme ne vit pas seulement de pain. Ils savent que l’accession à la consommation est une chose et que l’accession au savoir en est une autre. Il existe malheureusement des soifs de connaissances qui restent insatisfaites. La fatigue des journées de travail, des transports, le manque de temps et de moyens en sont la cause, et aussi l’abandon à la quotidienneté envahissante. Cela m’a attristé bien souvent, mais quel réconfort que de voir briller dans un regard une certaine flamme : celle de l’être qui découvre autre chose que son horizon limité de chaque jour.
A cela et à ceux-là, il faudrait bien penser.
Non, la culture n’est pas un mot abstrait. Elle est un besoin, une nécessité, une nourriture. Mais elle est aussi, par-dessus tout, un plaisir.
Robert SABATIER, Journal du dimanche, 1973.
*Délectation : plaisir, satisfaction.
1) Quelle est la thèse développée par l’auteur et celle développée par l’adolescent ?
2) « Un ton blasé » cette expression signifie :
- Un ton inquiet.
- Un ton enthousiaste.
- Un ton indifférent.
- Un ton pensif.
Relevez la bonne réponse.
3) Citez deux arguments qui justifient la thèse de l’auteur.
4) L’auteur compare l’adolescent à Socrate. Pourquoi ?
- Justifiez votre réponse
5) Citez les raisons qui ne permettent pas à l’homme d’assouvir son besoin de connaissance.
6) A qui renvoient les pronoms soulignés dans le texte ?
7) Soit la phrase : « je ne me plains pas puisque cette expérience a ouvert à ma curiosité les portes du savoir »
- Quel est le rapport logique exprimé dans cette phrase ?
- Réécrivez-la en inversant sa structure de manière à la commencer par : « Cette expérience………………. »
8) Trouvez le contraire de chacun des mots suivants :
Timide ≠ Momentané ≠
Collective ≠ Polie ≠
9) Complétez le résumé ci-dessous par les mots qui conviennent dans la liste suivante : Affirme - Cependant - Parce que - Le savoir - Estime - Dénonce - Défend - Mais - La culture - Le bonheur.
L’adolescent ……………….. que ………………….ne sert pas à grand-chose. ……………. l’auteur ……………… que ……………………. non seulement elle ……………………. les portes du savoir ……………………. c’est aussi un réel ……………….
10) Proposez un autre titre au texte.
1)
- La thèse développée par l’auteur : apprendre pour le plaisir (se cultiver). (1)
- La thèse développée par l’adolescent : j’oublierai les deux tiers et le reste ne me servira pas. (1)
2) « Un ton blasé » cette expression signifie :
- Un ton indifférent. (0.5)
3) Deux arguments qui justifient la thèse de l’auteur : (1)
- Ouvert à ma curiosité les portes du savoir.
- Un éternel étudiant.
- Bien précieux.
4) L’auteur compare l’adolescent à Socrate, parce qu’il croit tout savoir, avoir toutes les réponses. (0.5)
- Justification : un jeu où il serait gagnant / il prévoit mes objections/ insolentes pirouettes/ il pourrait y répondre. (0.5)
5) Les raisons qui ne permettent pas à l’homme d’assouvir son besoin de connaissance : (1.5)
- La fatigue des journées de travail, des transports.
- Le manque de temps et de moyens.
- L’abandon à la quotidienneté envahissante.
6) Les pronoms soulignés : (1.5)
J = L’auteur. Lui = L’adolescent.
Il = L’adolescent. Celle = Flamme.
7) Le rapport logique exprimé dans cette phrase : La cause. (0.5)
- « Cette expérience a ouvert à ma curiosité les portes du savoir donc je ne me plains pas. »
8) Le contraire des mots : (2)
Timide ≠ Provocateur.
Momentané ≠ Eternel.
Collective ≠ Personnelle.
Polie ≠ Insolent.
9) L’adolescent affirme que le savoir ne sert pas à grand-chose. Cependant l’auteur estime que la culture non seulement elle ouvre les portes du savoir mais c’est aussi un réel plaisir. (2)
10) Un autre titre au texte : Le savoir et ses avantages. (1)
La culture n’est pas un mot abstrait. Elle est un besoin, une nécessité, une nourriture. Mais elle est aussi, par-dessus tout, un plaisir.
- Qu’en pensez-vous ? Justifiez votre point de vue par des arguments et des exemples.
