Invité chez des amis en Normandie, le narrateur n’arrive pas à dormir ... Le feu qui flambait jetait des reflets rougeâtres dans l'appartement, de sorte qu'on pouvait voir sans peine les personnages de la tapisserie et les figures des portraits enfumés pendus à la muraille. Je ne savais que penser de ce que je voyais ; mais ce qui me restait à voir était encore bien plus extraordinaire. Théophile GAUTIER (La Cafetière) |
- a) Qui est le narrateur ? Quel est son statut : est-il externe ou interne au récit ?
b) Relevez un indice pour justifier votre réponse.
- Le cadre
a) Où et quand se passe l’histoire ? Relevez une expression justifiant votre réponse.
b Relevez trois éléments qui composent le décor.
c) Ce cadre relève –t-il du réalisme ou du fantastique ?
d) Quels éléments du cadre créent une atmosphère inquiétante ?
- L'intrusion du surnaturel
a) A quel thème se rattache ce récit ?
b )Quel est le premier élément du cadre qui prend une allure étrange? Relève l’expression qui le montre.
c) Quelle expression annonce le basculement dans l’étrange ?
d) Que voit le narrateur ?
e) Relevez le champ lexical de l’étrange.
- Les manifestations du surnaturel
a) A quel moment précisément le narrateur bascule-t-il totalement dans le surnaturel ?
b) Relevez le champ lexical de l’étrange ?
c) Relevez dans le tableau ci-dessous les manifestations de l’étrange :
Objets | Actions | Personnages | Actions |
|
d) Quelle impression ces manifestations donnent-elles ?
- Réactions du narrateur
a) Quel sentiment éprouve le narrateur ? Relevez les expressions qui en traduisent les manifestations physiques.
b) Deux interventions du narrateur sont insérées dans le récit ? Relevez-les.
c) Expriment-elles la peur, l’hésitation, l’émerveillement, le doute, la certitude ? donnez la (les) réponse(s) juste(s).
d) Quel effet veut produire ainsi le narrateur ?
- Rythme du récit
a) « Ensuite une cafetière se jeta, dirigea …. entre les tisons » ; l’indicateur temporel « ensuite » marque-t-il une suite chronologique ? un retour en arrière ? une anticipation ?
b) « Tout à coup ………. et le sifflement de la bise d'automne. » Ce passage correspond-il à une ellipse, à un sommaire ou à une scène ?
c) « C'étaient les aïeux de notre hôte……. une rose à la main » Ce passage correspond-il à un sommaire, une ellipse, une pause ? Justifiez votre réponse.
- Langue
a) « personne ne me croirait, et l'on me prendrait pour un fou » A quel temps et à quel mode sont les verbes ? Quel est la valeur de ce temps ?
b) Réécrivez la phrase suivante au présent de l’indicatif :
« Les bougies s'allumèrent toutes seules; le soufflet, sans qu'aucun être visible lui imprimât le mouvement, se prit à souffler le feu, en râlant comme un vieillard asthmatique, pendant que les pincettes fourgonnaient dans les tisons et que la pelle relevait les cendres.
Imaginez une suite au récit. Tu rédigeras un texte d’une quinzaine de lignes.
- Le narrateur est un homme invité en Normandie. C'est un narrateur personnage. Il est donc un narrateur interne et sa présence est marqué par les pronoms personnels « je » ( je vis) , « moi »
Le cadre
a) L'action se passe dans une chambre d’appartement ( la chambre ) la nuit vers onze heures ( la pendule sonna onze heures) , en automne ( la bise d’automne) .
b) Dans la chambre il y a
-une cheminée où brûle un feu de bois ( le feu flambait ), « autour de la cheminée »
-au mur, une tapisserie sur laquelle figurent les « portraits enfumés » de personnages d’une époque ancienne (« des chevaliers bardés de fer, des conseillers en perruque, et de belles dames au visage fardé et aux cheveux poudrés à blanc »)
- des fauteuils (« les fauteuils commencèrent à s'ébranler »)
(+ les bougies, la cafetière …)
c) le cadre est celui d’une chambre normale comme on en trouve dans les châteaux, les manoirs ou les demeures anciennes. Il présente tous les éléments du réalisme
d) Les éléments qui créent une atmosphère inquiétante sont
-la lumière émise par le feu de cheminée qui diffuse « des reflets rougeâtres »,
- les murs et les fumées ,
-les personnages de la tapisserie qui prennent une allure étrange sous l’effet de la fumée et des « reflets rougeâtres »,
-de plus le personnage est seul face à cet évènement.
- L'intrusion du surnaturel
-Le thème du récit relève de l’animation d’objets
a) Le premier élément du cadre qui prend une allure étrange est le feu qui devient brusquement plus intense .L ‘expression qui le montre est : "Le feu prit un étrange degré d'activité..." .
b) L'expression qui annonce le basculement dans un autre monde est "tout à coup"
c)
Objets
|
Actions | Personnages | Actions |
Les bougies |
s'allumèrent toutes seules |
les prunelles de ces êtres encadrés |
scintillaient |
Le soufflet(…) |
se prit à souffler le feu |
leurs lèvres |
s'ouvraient et se fermaient |
Pincettes |
fourgonnaient dans les tisons |
un des portraits, le plus ancien de tous, celui d'un gros joufflu à barbe grise, |
sortit, en grimaçant, la tête de son cadre, sauta lourdement par terre |
La pelle relevait les cendres |
relevait les cendres |
||
Les fauteuils |
commencèrent à s’ébranler, en agitant leurs pieds entortillés (…) vinrent se ranger autour de la cheminée |
d) Ces manifestations donnent l’impression que les objets sont actionnés par des personnes invisibles.
- Réactions du narrateur
a- Devant ces phénomène étranges , le narrateur est envahi par une grande peur , une terreur insurmontable »
b expressions traduisant la terreur du narrateur : "mes cheveux se hérissèrent", "mes dents s'entre-choquèrent", "sueur froide inonda tout mon corps »
c- interventions du narrateur :
« Oh ! non , je n'ose pas dire ce qui arriva, personne ne me croirait, et l'on me prendrait pour un fou »
« Je ne savais que penser de ce que je voyais ; mais ce qui me restait à voir était encore bien plus extraordinaire »
Ces interventions du narrateur expriment l’hésitation, le doute.
d-Ces interventions insistent sur le caractère incroyable du phénomène tout en affirmant que c’est réel (incroyable mais vrai)
- Rythme du récit
a-« ensuite »introduit une suite chronologique
b-« tout à coup……la bise d’automne » ce passage correspond à une scène
c-« C’était les aïeux de notre hôte………une rose à la main » ce passage correspond à une pause (description)
- Langue
a- les verbes sont au présent du conditionnel .Ce temps a une valeur modale , hypothétique ( incertitude)
b-« Les bougies s'allument toutes seules; le soufflet s'anime, les pincettes fourgonnent dans les tisons et que la pelle relève les cendres
Proposition de corrigé (d’après le récit de Th. Gautier, La Cafetière.)
Ces dignes personnages s’assirent ; la cafetière sauta légèrement sur la table. Ils prirent le café dans des tasses en porcelaine, qui accoururent spontanément de dessus un buffet, chacune d’elles munie d’un morceau de sucre et d’une petite cuiller d’argent. Quand le café fut pris, tasses, cafetière et cuillers disparurent à la fois, et la conversation commença, certes la plus curieuse que j’aie jamais ouïe, car aucun de ces étranges causeurs ne regardait l’autre en parlant : ils avaient tous les yeux fixés sur la pendule. Enfin, minuit sonna ; une voix se fit entendre et dit : « Voici l’heure, il faut danser. » Toute l’assemblée se leva. Les fauteuils se reculèrent de leur propre mouvement ; alors, chaque cavalier prit la main d’une dame, et la même voix dit : « Allons, messieurs de l’orchestre, commencez ! » J’ai oublié de dire que le sujet de la tapisserie était un concerto italien. Le maestro leva sa baguette, et une harmonie vive et dansante s’élança des deux bouts de la salle. Tous se mirent à danser. Le rythme était si rapide que chaque couple de danseurs se mit à pirouetter. Les robes de soie des femmes, froissées dans ce tourbillon dansant, rendaient des son semblables au bruit d’ailes d’un vol de pigeons.
La pendule sonna une heure ; ils s’arrêtèrent. Je vis alors quelque chose qui m’avait échappé : une femme qui ne dansait pas. Elle était assise près de la cheminée, et ne paraissait pas prendre part à ce qui se passait autour d’elle . Jamais, même en rêve, rien d’aussi parfait ne s’était présenté à mes yeux ; une peau d’une blancheur éblouissante, des cheveux d’un blond cendré, de longs cils et des prunelles bleues, si claires et si transparentes, que je voyais son âme à travers aussi distinctement qu’un caillou au fond d’un ruisseau. Je me précipitai hors du lit, d’où jusque-là je n’avais pu bouger, et je me dirigeai vers elle. Je me trouvai à ses genoux, une de ses mains dans les miennes, causant avec elle comme si je l’eusse connue depuis vingt ans. Puis nous dansâmes toute la nuit. Fatiguée, Angela s’assit. Elle était devenue froide comme du marbre. L’alouette chanta ; une pâle lueur joua sur les rideaux. Quand Angéla l’aperçut, elle se leva précipitamment, me fit un geste d’adieu et après quelques pas, poussa un cri et tomba de sa hauteur. Saisi d’effroi je m’élançai pour la relever. Je ne trouvai que la cafetière brisée en mille morceaux. A cette vue, je fus persuadé que j’avais été le jouet de quelque illusion diabolique ; une telle frayeur s’empara de moi que je m’évanouis.
Lorsque je repris connaissance, j’étais dans mon lit ; mon ami se tenait debout à mon chevet. — Que diable as-tu fait cette nuit , me dit mon ami? Ce matin, voyant que tu ne descendais pas, je suis entré dans ta chambre, et je t’ai trouvé étendu par terre, serrant dans tes bras un morceau de porcelaine brisée, comme si c’eût été une jeune et jolie fille. |
