Une nuit mouvementée
François Robin, surnommé Sans-Atout, est un adolescent qui passe ses vacances en Bretagne .Il vient d’arriver au château de Kermoal gardé par la famille Jaouen. Jean- Marc Jaouen, son ami, le prévient que, depuis quelques temps, des choses étranges se passent …
François n’avait pas menti, quand il avait dit qu’il n’avait jamais peur la nuit. Mais maintenant qu’il était seul, il se sentait un peu anxieux et pensait sans cesse à l’étrange attitude des Jaouen et surtout aux paroles inquiétantes de Jean- Marc. Que se passait-il au château à minuit ? C’était la première fois que François allait dormir loin de tout secours .Il essaya de chasser de son esprit ce mot désagréable, mais comprit vite qu’il ne fermerait pas l’œil.
Il réfléchissait, tout en rangeant son linge dans la vieille armoire bretonne. Les Jaouen n’étaient pas de ces gens que tourmente l’imagination. Jean-Marc avait solidement les pieds sur terre. Qu’avait-il donc vu de si bizarre ? Jean-Marc avait parlé d’hallucination. On est halluciné quand on se trouve devant quelque chose qui n’existe pas …ou de quelqu’un…
François referma doucement la porte de l’armoire qui grinça comme seuls les très vieux meubles savent le faire. Le plancher grinçait aussi. Le lit craquait quand on s’asseyait dessus. Et tous ces craquements, ces grincements augmentaient le malaise de François … Il avait soudain l’impression de n’être plus seul dans la chambre, et il n’osait pas libérer le mot qui allait transformer son malaise en angoisse …Mais déjà il n’était plus maître de sa pensée.
« Quelqu’un qui n’existe pas est un fantôme. Il y avait un fantôme au château ? Allons donc ! Il avait exploré tous les coins du château de Kermoal. Il n’avait jamais rencontré de fantômes. Quand un château est hanté, on en parle .On en aurait parlé .Or personne n’avait fait allusion au fantôme.
François avait un peu froid. Marguerite avait tout préparé pour faire un grand feu dans la cheminée, mais elle ne l’avait pas allumé, parce qu’elle avait l’intention de le faire coucher dans la chambre contigüe à celle de Jean- Marc. Pourquoi cette précaution ? François enflamma le papier et bientôt le foyer s’illumina. Il était presque dix heures. Deux heures à attendre .François enfila sa robe de chambre, poussa l’antique fauteuil auprès de la cheminée et s’y blottit. On était en train de lui gâcher, de lui salir Kermoal. Jusque là il avait eu confiance. Kermoal était un peu comme une bête familière. On n’imagine pas qu’elle peut mordre. Et maintenant Kermoal menaçait. De la pire façon. Par son silence, par sa nuit…
Boileau-Narcejac, Sans-Atout et le cheval fantôme
- Qui est le personnage principal ? Où se trouve-t-il ? Dans quel but ? A quel moment de la journée l’histoire se déroule-t-elle ?
- Quelle attitude adopte-t-il au début ? Cette attitude lui est-elle habituelle ? Relevez la phrase qui le montre ?
- Le héros croit-il aux phénomènes étranges ? Que tente-t-il de faire ?
- Les phrases telles que « Que se passait-il au château à minuit ? », « Quelqu’un qui n’existe pas est un fantôme. Il y avait un fantôme au château ? »
Représentent –elles les pensées du narrateur ou celles du personnage ? Quel est donc le point de vue adopté par le narrateur ?
- Quel adjectif qualificatif caractérise l’atmosphère qui règne dans la chambre ? Quels éléments du cadre créent une atmosphère particulière ?
- François est-il totalement rassuré ? Quels sentiments éprouve-til ? Montrez la montée de ce sentiment. Justifiez votre réponse à l’aide d’indices relevés du texte
- Dans le passage « Quelqu’un qui n’existe pas ….. un fantôme.» Relevez deux expressions qui traduisent le doute .Nommez les procédés employés.
- A quel genre de texte se rattache cet extrait ? Relevez trois mots du vocabulaire de l’étrange .
- Le système temporel.
a) Quel est le temps de référence ? Justifiez cet emploi.
b) Relevez, dans les 2ème et 3ème paragraphes, des verbes qui indiquent les gestes accomplis par le héros : à quel temps sont-ils ?
c) Relevez deux phrases au présent de l’indicatif. Qu’expriment-elles ? Quelle est la valeur de ce temps ?
- « Il comprit vite qu’il ne fermerait pas l’œil » Réécrivez cette phrase en mettant le premier verbe au présent de l’indicatif. (attention au temps du second verbe)
- « Kermoal était un peu comme une bête familère » Quelle figure de style est employée dans cette phrase ?
- « …et il n’osait pas libérer le mot qui allait transformer son malaise en angoisse. »
Qu’exprime l’expression soulignée : une ellipse ? Une analepse (retour en arrière) ? Une prolepse (anticipation) ? Donnez la réponse juste.
Sujet : Rédigez la situation initiale d’une nouvelle fantastique en décrivant le cadre que certains éléments font paraître et l’atmosphère inquiétante qui y règne.
Pour mettre en place cette atmosphère inquiétante, vous devez :
- décrire les conditions naturelles et climatiques, les circonstances extrêmes ou surprenantes.
Exemple : dans le désert algérien
- signalaer la présence d’éléments visuels et /sonores bizarres
- indiquer les marques du malaise
- écrire le texte au passé
- employer, au choix, la première ou la troisième personne
- employer des comparaisons, des métaphores et des personnifications.
Le texte doit comporter une quinzaine de lignes.
- Le personnage principal est un jeune garçon, prénommé François, se trouve seul le soir vers dix heures, dans une chambre du château de Kermoal où il est venu passer des vacances et où, selon les propos de son ami, il se passe des choses étranges, à minuit. Il pense à ces phénomènes en essayant de rester objectif, rationnel, en attendant minuit. (1pt)
- Au début François était « anxieux ». Cette attitude ne lui était pas habituelle. D’ordinaire il est courageux, la nuit ne lui fait pas peur. (0,5pt)
La phrase qui le montre est « François n’avait pas menti quand il avait dit qu’il n’avait pas peur la nuit. » (0,5pt)
- Le héros ne croit pas aux phénomènes étranges. Il y réfléchit et tente de rester objectif et de trouver une explication rationnelle. (0,5pt)
- Les phrases signalées représentent les pensées et les interrogations du personnage, François.
Le point de vue adopté par le narrateur est le point de vue interne. (0,5pt)
- L’atmosphère qui règne dans la chambre est inquiétante. (0,5pt)
Les éléments qui rendent cette atmosphère inquiétante sont :
- La nuit
- La solitude, (« c’est la première fois que François allait dormir loin de tout secours »
- Les bruits : craquements du lit, grincements de la porte de l’armoire et du plancher (« la porte de l’armoire qui grinça comme(…). Le plancher grinçait aussi. Le lit craquait quand on s’asseyait dessus. Et tous ces craquements, ces grincements, augmentaient le malaise de François ».
- Le décor : vieux meubles, feu de cheminée. (1pt)
- François n’est pas totalement rassuré. Il est d’abord « anxieux », puis il ressent un « malaise » qui augmente et se transforme en peur (« il avait soudain l’impression de n’être plus seul dans la chambre ») , qui lui noue la gorge ( «il n’osait pas libérer le mot ») et lui trouble l’esprit « Mais déjà il n’était plus maître de sa pensée ». Cette peur va se transformer enfin en angoisse. (0,5pt)
- Les procédés qui expriment le doute sont :
- l’interrogation : « Il y avait un fantôme dans le château ? »
- le premier passé du conditionnel ou l’irréel du passé : on en aurait parlé ( sous-entendu « on n’en a pas parlé donc la chose est impossible). (1pt)
- Ce texte est un récit fantastique. (0, 5pt)
Quatre mots du vocbulaire de l’étrange : « bizarre », « hallucination » (« halluciné »), «fantôme », « hanté ». (1pt)
- Le système temporel :
a) Le temps de référence est l’imparfait de l’indicatif utilisé ici pour exprimer un fait qui s’étend dans la durée et /ou se répétait régulièrement : le phénomène évoqué avait commencé dans un passé indéterminé, se poursuivait et se répétait chaque nuit.
Il est employé aussi pour traduire l’attitude pensive prolongée de François « il se sentait un peu anxieux et pensait sans cesse… ») et décrire son malaise (« Il avait soudain l’impression de n’être plus seul dans la chambre, et il n’osait pas libérer le mot qui allait transformer son malaise en angoisse …Mais déjà il n’était plus maître de sa pensée. (0,5pt (temps) + 1pts= 1 ,5pts)
b) Verbes indiquant les gestes de François :
- Il referma la porte de l’armoire.
- François enfila sa robe de chambre, poussa l’unique fauteuil et « s’y blottit ».
Ces verbes sont au passé simple. (0,5 pt)
c) 2 phrases au présent de l’indicatif : « On est halluciné quand on se retrouve devant quelque chose qui n’existe pas …ou quelqu’un ».
« Quelqu’un qui n’existe pas et un fantôme ». (0,5pt)
Ces phrases sont des affirmations représentant les réflexions et les pensées de François qui essaie de se convaincre de l’inexistence des fantômes. (0,5pt)
Il s’agit du présent de vérité générale. ( 0,5pt)
- Réécriture : « Il comprend vite qu’il ne fermera pas l’œil ». (0,5 pt)
- « Kermoal était un peu comme une bête familère ». La figure de style employée dans cette phrase est la comparaison. (0 ,5pt)
- « …et il n’osait pas libérer le mot qui allait transformer son malaise en angoisse ». La proposition soulignée est une prolepse (anticipation). (1pt)
A titre d’exemple « dans le désert du sud algérien »
Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? | Sortie en groupe, à la découverte du Sahara, pendant les vacances…. dans le désert de sable |
Un cadre hostile |
Etendue infinie de sable (jaune d’or, fin, brûlant….) Les dunes hautes/élévées / pareilles à (semblables à, comme) des vagues furieuses / immobiles. Des lames étincelantes, / des flots scintillants enragés, immobiles, Le désert : un océan figé / muet / menaçant Le soleil : ardent / dévorant, implacable/ La chaleur / pas d’ombre / Le vide inquiétant / personne à l’horizon |
Quelques indices inquiétants |
Les crêtes des dunes qui semblent bouger, ondoyer, prêtes à se retourner, à nous engloutir… Le vent : murmure, siffle, soulève des nuages de sable, les fait tourbillonner, hurle, roule… |
Actions | Gravir / s’enfoncer / tomber/ rouler / descendre... |
Effets |
Peau brûlée, gorge asséchée / épuisement / la sueur... Vue troublée par le fatigue, la chaleur, la sueur, le sable… Bruits étranges, sensations bizarres/ formes insolites ... Malaise, anxiété, tension, échange de regards interrogateurs, de murmures inquiets , groupes resserrés , sursauts … |
