Le cœur et l’Apartheid
L’année 1968 a bien commencé en Afrique du Sud. Non seulement le professeur Bernard a réussi, pour la deuxième fois, la phase chirurgicale d’une greffe du cœur, mais l’apartheid, cette ségrégation légale des Noirs par les Blancs, a été abolie, et de la plus éclatante façon.
Comment interpréter autrement ce qui vient de se passer ?
Imaginons qu’un Noir cardiaque, en péril de mort, ait reçu, à la place de son cœur défaillant, celui d’un citoyen blanc venant juste de rendre le dernier soupir. De mauvais esprits n’auraient pas manqué de dénoncer, à cette occasion, un paternalisme particulièrement hypocrite.
Là, au contraire, le cœur greffé à un Blanc est bien celui d’un métis de 24 ans, donc d’un Noir. Nous savons tous, en effet, que dans les Etats racistes neuf gouttes sur dix de sang blanc ne font pas un homme blanc, mais qu’une goutte de sang coloré suffit à faire un Noir.
Le Dr Blaiberg, bénéficiaire de la greffe, à qui l’on demandait, par précaution élémentaire, s’il ne voyait pas d’inconvénient à recevoir le cœur d’un métis, a d’ailleurs déclaré : « Non, la couleur de peau m’est indifférente ». Phrase révolutionnaire dans un pays où la vie, l’éducation, l’amour, la maladie et jusqu’à la mort elle-même ont toujours été soumis au régime de la pire discrimination raciale.
On me pardonnera, j’espère, d’évoquer ici une expérience personnelle. Vers la fin de la dernière guerre, en Allemagne, les hasards de la balistique ennemie m’obligèrent à subir, en toute hâte, une abondante transfusion sanguine.
« Je vous préviens, me dit le chirurgien militaire, nos ampoules de plasma nous sont fournies par l’armée américaine. C’est du sang de nègre américain dont je vais vous envoyer une bonne giclée dans les veines, si vous voulez continuer à vivre. Je pense que vous n’y voyez pas d’inconvénient ».
Je dus lui répondre que du sang apache ou papou ferait aussi bien l’affaire.
En revanche, je ne doute pas qu’en Afrique du Sud cette affaire de greffe ne simplifie beaucoup, désormais, les affaires de cœur entre personnes de couleurs différentes. Comment le Dr Blaiberg, s’il survit, refuserait-il, en effet, la main de sa fille à l’un des frères de cet homme noir dont il n’a pas refusé le plus vital des organes ? Comment n’exigerait-il pas, même s’il a le cœur « à droite », que le droit de vote soit immédiatement accordé à ces mêmes Noirs, exactement comme l’un de ceux-ci lui a accordé le droit de vivre ?
Autrement dit, comment la plus inhumaine des lois créées par l’homme résisterait-elle à ce nouveau langage du cœur ?
En vérité, au début de cette chronique, j’exagérais un peu ou du moins j’anticipais. Non, ce n’est pas tout à fait vrai : l’apartheid sud-africain n’est pas encore aboli. Mais jurons qu’il ne s’agit plus maintenant que d’une question d’heures.
Michel DROIT.
Quotidien français : Le Figaro du 05 janvier 1968.
- L’auteur de ce texte est :
- un historien.
- un journaliste.
- un sociologue.
Recopiez la bonne réponse.
- Quelle définition est donnée de l’apartheid dans le texte ?
- A qui renvoient les pronoms « me »- «je » et « je » dans les phrases suivantes ?
- « on me pardonnera… »
- « Je ne doute pas… »
- « Je vous préviens… »
- Relevez du texte 4 termes ou expressions qui renvoient à « apartheid »
- « Mais jurons qu’il ne s’agit plus maintenant que d’une question d’heures ».
L’adverbe « maintenant » renvoie à :
- la fin de la dernière guerre.
- l’année 1968.
- l’année 2007.
Recopiez la bonne réponse.
- « Je dus lui répondre que du sang apache ou papou ferait aussi bien l’affaire. »
L’auteur utilise le conditionnel pour exprimer :
- un souhait.
- un doute.
- une éventualité.
Recopiez la bonne réponse.
- « Autrement dit, comment la plus inhumaine des lois créées par l’homme résisterait-elle à ce nouveau langage du cœur ? »
Cette phrase veut dire :
- la plus inhumaine des lois résiste au nouveau langage du cœur.
- la plus inhumaine des lois ne résiste pas au nouveau langage du cœur.
- la plus inhumaine des lois pose problème au nouveau langage du cœur.
Recopiez la bonne réponse.
- « Non, ce n’est tout à fait vrai : l’apartheid sud-africain n’est pas encore aboli ».
Les 2 points (:) servent à exprimer : une illustration –une explication – une définition.
Recopiez la bonne réponse.
- Quelle est l’intention de l’auteur dans ce texte ?
- Proposez un autre titre puis justifiez votre choix.
Traitez un seul sujet au choix :
- Le texte que vous venez de lire « Le cœur et l’apartheid » a plu énormément au directeur de votre établissement.
Vous êtes un des rédacteurs de votre journal scolaire et il vous demande d’en faire un compte rendu critique (15 lignes environ) rédigez ce compte rendu.
- Les enfants sahraouis vivent une situation dramatique. Vous qui êtes membre d’une association pour l’autodétermination du peuple sahraoui, rédigez un texte que vous adresserez au secrétaire général de l’ONU pour dénoncer la situation que vivent les enfants du Sahara Occidental.
Barème | Réponses possibles | Points-rappels |
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1pt |
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Pour identifier le statut de l’auteur, il faut se référer : -aux éléments périphériques du texte : le chapeau et la source -au contenu du texte : la nature des informations dispensées. - l’auteur de ce texte est journaliste car le texte est un article extrait du journal quotidien le Figaro. |
1.5pts |
|
Pour relever cette définition, il faut retrouver des passages qui attestent, qui dévoilent autrement dit qui mettent en évidence l’idée ou l’information proposée -apartheid= racisme, ségrégation raciale |
1.5pts |
je= le journaliste je= le chirurgien |
A qui= renvoie à une ou plusieurs personnes. Il faut faire la distinction entre le pronom « je » qui est entre guillemets (la personne qui parle dans le discours direct) et celui en dehors (qui renvoie à l’auteur). |
1pt |
|
Rappel : -un mot = un terme -une expression= un ensemble de mot - quatre mots ou expressions dans ce cas, le choix est accordé à l’élève selon la disponibilité du vocabulaire contenu dans le texte. Seul le nombre demandé doit être respecté c'est-à-dire quatre. |
1pt |
L’adverbe « maintenant » renvoie à : l’année 1968. |
Se référer au texte (la source) pour y répondre |
1pt |
L’auteur utilise le conditionnel pour exprimer une éventualité. |
Les valeurs du conditionnel sont : une éventualité= probabilité, possibilité, hypothèse un souhait= fait qui n’existe pas et que l’on souhaite dans le futur. Reprendre la phrase dans son contexte pour identifier la valeur qui correspond |
1pt |
Cette phrase veut dire : La plus inhumaine des lois ne résiste pas au nouveau langage du cœur. |
Bien lire la question afin de : -savoir combien d’éléments doivent être relevés -bien lire la phrase donnée pour comprendre le sens et identifier la phrase qui a le même sens. |
1pt |
Les 2 points (:) servent à exprimer une explication |
Distinction entre illustration, définition, explication : -l’illustration sert à donner des exemples. -la définition représente la signification, le sens d’une notion donnée. Elle est introduite à l’aide de : est, c’est, veut dire, signifie, correspond à… -l’explication sert à éclairer l’idée pour mieux la faire comprendre |
1.5pts |
|
L’intention de l’auteur c’est sa visée, son but en écrivant ce texte. Dans le cadre d’un texte d’Histoire, la visée de l’auteur est informative : l’auteur donne des informations sur les faits relatés . |
1.5pts |
Justification : L’apartheid sud-africain n’est pas encore aboli. Mais jurons qu’il ne s’agit plus maintenant que d’une question d’heures. |
Le titre doit comporter : -le thème du texte -la visée du texte Pour la justification, il suffit de relever une phrase qui renvoie à l’idée du titre. |
Sujet 1 : Compte rendu critique du texte
Rappel de la technique du compte rendu critique :
Important: la subjectivité peut être aussi présente (exprimée) tout au long du compte rendu critique. |
Corrigé possible du sujet 1
Ce texte est un article de presse intitulé «Le cœur et l’Apartheid », publié dans le quotidien français « Le Figaro », daté du 5 janvier 1968, et écrit par Michel Droit dans lequel il dénonce l’apartheid qui n’est pas encore aboli.
Le journaliste donne d’abord une définition de l’apartheid et expose la situation en Afrique du Sud face au racisme, en le comparant à une greffe du cœur d’un blanc sur un noir. Il nous fait part de son expérience personnelle pendant la 2ème guerre mondiale où il a subi une transfusion de sang nègre pour assurer sa survie. Il pense que la plus inhumaine des lois ne résistera pas au langage du cœur.
Ceci dit, le racisme existe toujours dans les différents pays ou au sein d’une même communauté.
Sujet 2 :
Les enfants sahraouis vivent une situation dramatique. Vous qui êtes membre d’une association pour l’autodétermination du peuple sahraoui, rédigez un texte que vous adresserez au secrétaire général de l’ONU pour dénoncer la situation que vivent les enfants du Sahara Occidental.
Plan du texte à produire : L’Appel
Titre :………………………………
A …………………………. (Destinataire)
Introduction :
Partie expositive (présenter en deux ou trois phrases, la situation négative qui concerne votre quartier)…………………………………………………………………….
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Développement :
Partie argumentative (présenter deux ou trois arguments pour sensibiliser votre destinataire et les convaincre de la nécessité d’améliorer ou de changer cette situation)…………………………………………………………………………………….
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Conclusion :
Partie exhortative (s’adresser directement au destinataire afin qu’il prenne concrètement en charge cette situation. Utiliser les verbes performatifs, les verbes de modalité, l’impératif)……………………………………………………………………………..
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rédaction libre possible sujet 2
Appel pour la protection des enfants Sahraoui
Des centaines d’enfants sahraouis vivent dans des conditions préoccupantes. Ils souffrent de malnutrition et de diverses maladies liées aux conditions dans lesquelles ils vivent. De plus, certains sont séparés de leurs parents. Ainsi, ils sont privés de l’amour maternel et de tout ce qu’une vie en famille pourrait leur offrir.
Les instances internationales et les ONG les plus impliquées dans la défense des droits humains ont été alertées sur le sort de ces enfants. Malheureusement, cette situation dramatique perdure. Nous n’avons pas le droit de laisser ces enfants sahraouis vivre longtemps encore ce calvaire. Ce drame humain n’a que trop duré.
Notre devoir aujourd’hui est d’alerter l’opinion publique internationale ainsi que l’ONU afin de fournir une aide humanitaire supplémentaire pour répondre aux besoins vitaux des populations sahraouis sur le plan de l’eau, du logement, des soins médicaux, et assurer la survie de milliers de familles extrêmement vulnérables.
Nous exhortons l’ONU à agir pour mettre fin à ce calvaire dont les premières victimes sont les enfants.