Se taire : la pire attitude
Ma première confrontation avec le racisme a eu lieu en France. J’avais neuf ans. Dans mon école, les Noirs étaient affublés d’un sobriquet*.Etait-ce du racisme ? Chez les enfants, c’est plutôt de la bêtise, mais cela me touchait. Je venais de Guadeloupe où de nombreuses communautés vivent ensemble. Là-bas, je n’en avais ressenti aucune discrimination.
Le premier racisme n’est pas naturel, il est généré par des adultes qui établissent des différences entre les couleurs de peau et les cultures. Pour en venir à bout, le rôle de l’école est primordial. Or, on y parle de « races humaines » alors qu’il n’existe qu’une seule race et qu’il serait plus juste de parler de différentes communautés.
L’histoire des peuples est très mal enregistrée : chaque pays se l’approprie pour démontrer que son comportement passé a été juste. De même, j’ai toujours été choqué que les Noirs n’apparaissent dans l’histoire qu’à propos de l’esclavage. Leur situation, avant cette page dramatique, n’est jamais évoquée, comme s’ils avaient toujours été esclaves! Leur véritable histoire, leur culture est trop souvent bafouée. Il s’agit d’un vide historique, d’un voile sur la mémoire de ces peuples.
Un vrai travail de mémoire est indispensable pour qu’on ait, un jour, l’espoir d’éradiquer le racisme. Certaines Nations doivent reconnaitre leurs torts passés, notamment vis-à-vis de l’esclavage qui, selon moi, est une source du racisme. La vérité doit être écrite, non dans un esprit de vengeance mais afin d’engager une véritable réconciliation.
J’ai vécu une expérience douloureuse lors d’un match, à Parme, qui était alors mon club. Des supporters se sont mis à insulter deux joueurs noirs. A la fin de la rencontre, j’ai évoqué cet incident avec d’autres membres du club. J’ai ressenti une indifférence que j’ai refusée. Se taire est la pire des attitudes.
Lors de rencontres régulières avec les écoliers italiens, je m’obstine à expliquer le rôle important du brassage des communautés, porteur d’un enrichissement indispensable. J’ai la conviction que ces jeunes ne cautionnent pas les manifestations racistes qui se donnent libre cours dans les stades. Il ne suffit pas d’évoquer ce qui est positif. Il faut affronter aussi ce qui est négatif et, ainsi, poursuivre la réflexion.
Le mal doit être combattu immédiatement afin d’éviter qu’il ne débouche sur des situations intolérables. Et si je prends en exemple le football, un vecteur social très important, c’est pour qu’on élimine toute forme de racisme dans les stades, pour empêcher que certaines personnes n’utilisent ce sport pour faire passer des messages inadmissibles.
Lilian Thuram, membre de l’équipe de France
in Le Courier de l’UNESCO, septembre 2011
Sobriquet : surnom familier donné par moquerie.
- « Le mal doit être combattu immédiatement… »
De quel mal s’agit-il ?
- « Se taire est la pire des attitudes. »
Par cette phrase, l’auteur :
- Dénonce le silence des gens.
- Ne comprend pas l’attitude des gens.
- Accepte le silence des gens.
Recopiez la bonne réponse.
- Relevez quatre mots appartenant au champ lexical du « racisme ».
- L’auteur énumère trois prétextes qui incitent au racisme. Lesquels ?
- Parmi les expressions suivantes, recopiez celles proposées par l’auteur pour lutter contre le racisme :
Brassage des communautés / parler de races humaines / reconnaitre leurs torts du passé / un voile sur la mémoire / insulte des Noirs / parler de différentes communauté.
- L’école joue un rôle négatif à l’égard du racisme.
Relevez dans le texte une phrase qui le justifie.
- « …un voile sur la mémoire de ces peuples… »
Que propose l’auteur pour lever ce voile ?
- L’auteur prend comme exemple le football pour éradiquer le racisme. Quelle en est la raison ?
-
a) « … Là-bas, je n’en avais ressenti aucune discrimination » (1er paragraphe)
Là-bas renvoie à ………………………
b) « … Il est généré par les adultes … », (2éme paragraphe)
Il renvoie à ……………………………
c) « …leur situation, avant cette page dramatique », (3éme paragraphe)
Leur renvoie à …………………………
- Complétez le passage ci-dessous par les mots et expressions suivants :
L’école / les Noirs / s’indigne / la vérité / le silence / confronté.
L’auteur a été ……… en France au racisme à l’âge de neuf ans. Il a constaté que ……… ont été victimes de discrimination raciale et de l’histoire enseignée à ……….. Il ……… contre ……… de gens et préconise de dire ………. .
Traitez l’un des deux sujets au choix
Sujet 1
L’auteur a voulu partager avec les lecteurs des moments de souffrance morale en tant que Noir.
Rédigez le compte rendu critique de son texte (environ 150 mots) qui sera publié dans le journal de votre lycée.
Sujet 2
Aujourd’hui, l’émigration clandestine prend de plus en plus d’ampleur dans nos sociétés africaines.
Rédigez un texte (environ 150 mots) dans lequel vous exhorterez les jeunes de votre âge à renoncer à cette aventure.
- Il s’agit du racisme.
- Par la phrase « se taire est la pire des attitudes », l’auteur dénonce « le silence des gens ».
- Les quatre mots appartenant au champ lexical « du racisme » sont : discrimination, différences, esclavage, communautés.
- L’ auteur énumère les trois prétextes suivants : « différences entre les couleurs de peau et les cultures - on parle de races humaines à l’école - les Noirs n’ apparaissent dans l’ histoire qu’ à propos de l’ esclavage.»
- Les expressions proposées par l’auteur pour lutter contre le racisme sont : brassage de communautés, reconnaître leurs torts du passé et parler de différentes communautés.
- La phrase qui justifie est « on y parle de races humaines ». ( y = école)
- Pour lever le voile, il faut « parler des différentes communautés, que certaines nations reconnaissent leurs torts passés et il faut écrire la vérité ».
- L’ auteur prend le football comme exemple pour éradiquer le racisme parce que ce sport est « un vecteur social très important ».
- a) Là-bas renvoie à la Guadeloupe.
b) Il renvoie à racisme.
c) Leur renvoie à les Noirs.
- L’auteur a été confronté en France au racisme à l’âge de neuf ans. Il a constaté que les Noirs ont été victimes de discrimination raciale et de l’histoire enseignée à l’école. Il s’indigne contre le silence des gens et préconise de dire la vérité.
Sujet 2 : expression libre
Il s’agit de rédiger un appel (voir la méthodologie sur le site imadrassa.com).
Nous proposons un plan détaillé.
Halte à l’ émigration clandestine
Appel à la jeunesse africaine
Introduction :
Mauvaises conditions de vie dans les pays africains :
Sur le plan politique : instabilité, conflit et guerre.
Sur le plan social : manque d’écoles, de centres de formation, secteur sanitaire peu développé, maladie.
Sur le plan économique : absence de développement, chômage, misère et inégalité sociale.
Conséquence : émigration clandestine
Développement : partie argumentative
L’émigration clandestine n’est pas une solution : elle met la vie de la personne en danger.
La situation de l’émigré est précaire : absence de statut d’ où précarité
Les pays d’accueil rejettent ces émigrés qui sont victimes de racisme et d’actes de violence.
L’émigration clandestine fait le bonheur des passeurs qui s’enrichissent.
Conclusion : partie exhortative ( verbes performatifs, verbes de modalité, impératif )
Mobilisation de la jeunesse pour dénoncer cette situation périlleuse : naufrages, morts et disparitions en mer : Je dénonce …
Actions pour le développement des pays africains : Il faut se mobiliser …
Exploitations des richesses des pays africains par une solution collective : La solution à la misère est dans votre pays…
Rejet de cette solution suicidaire : Rejetons …