Séquence 3 : analyser et commenter un fait d’histoire
- Identifier le point de vue de l’auteur.
- Identifier la manifestation implicite du narrateur.
Dans cette immense prison surpeuplée, dont chaque cellule abrite une souffrance, parler de soi est comme une indécence. Au rez-de-chaussée, c’est la « division » des condamnés à mort. Ils sont là quatre-vingts, les chevilles enchaînées, qui attendent leur grâce ou leur fin. Et c’est à leur rythme que nous vivons tous. Pas un détenu qui ne retourne le soir sur sa paillasse à l’idée que l’aube peut être sinistre, qui ne s’endort sans souhaiter de toute sa force qu’il ne se passe rien. Mais c’est pourtant de leur quartier, que montent chaque jour les chants interdits, les chants magnifiques qui jaillissent toujours du cœur des peuples en lutte pour leur liberté.
Les tortures ? Depuis longtemps, le mot nous est à tous devenu familier. Rares sont ici ceux qui y ont échappé. Aux « entrants » à qui l’on peut adresser la parole, les questions que l’on pose sont, dans l’ordre: « Arrêté depuis longtemps ? Torturé ? Paras ou policier ? ». Mon affaire est exceptionnelle par le retentissement qu’elle a eu. Elle n’est en rien unique. Ce que j’ai dit dans ma plainte, ce que je dirai ici illustre d’un seul exemple ce qui est la pratique courante dans cette guerre atroce et sanglante.
Il y a maintenant plus de trois mois que j’ai été arrêté. J’ai côtoyé durant tout ce temps tant de douleurs et tant d’humiliation que je n’oserai plus parler encore de ces journées et de ces nuits de supplices si je ne savais que cela peut être utile, que faire connaître la vérité c’est aussi une manière d’aider au cessez-le-feu et à la paix. Des nuits entières, durant un mois, j’ai entendu hurler des hommes que l’on torturait, et leurs cris qui résonnent toujours dans ma mémoire.
Mais, depuis, j’ai encore connu d’autres choses. J’ai appris la « disparition » de mon ami Maurice Audin, arrêté vingt-quatre heures avant moi, torturé par la même équipe qui ensuite me « prit en main ». Disparu comme le cheikh Tébassi, président de l’association des Oulémas, le docteur Chérif Zahar, et tant d’autres. (…)
De l’autre côté du mur, dans l’aile réservée aux femmes, il y a des jeunes filles dont nul n’a parlé: Djamila Bouhired, Elyette Loup, Nassima Hablal, Malika Khene, et d’autres encore: déshabillées, frappées, insultées par des tortionnaires sadiques, elles ont subi l’eau et l’électricité.
C’est aux « disparus » et à ceux qui, sûr de leur cause, attendent sans frayeur la mort, et à tous ceux qui ont connu les bourreaux et ne les ont pas craints, à tous ceux qui, face à la haine et à la torture, répondent par la certitude de la paix prochaine et de l’amitié entre nos deux peuples qu’il faut que l’on pense en lisant mon récit, car il pourrait être celui de chacun d’eux.
Henry ALLEG. La Question.
Paris, 1980 : Les éditions de Minuit. P.13, 18.
La situation d’énonciation
Qui? |
A qui? |
De quoi? |
Quand? |
Où ? |
Dans quel but ? |
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Henry ALLEG |
Lecteurs, Les « disparus » |
Les tortures que le colonisateur lui a fait subir lui et les autres |
1980 |
Paris |
Analyser et commenter un fait d’histoire. |
Les indices de subjectivité de l’auteur (les modalisateurs) :
Les pronoms.
Les adjectifs.
La ponctuation: Il faut distinguer entre les guillemets du discours direct et les guillemets que l’auteur utilise pour indiquer un mot ou une expression auquel il donne un sens personnel.
Structure du texte
Parties du texte (découpage du texte) |
Paragraphes |
Informations données |
Moyens linguistiques utilisés avec illustrations du texte |
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La souffrance des détenus dans cette immense prison.
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1
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La prison et ses détenus vivent au rythme des condamnés à mort du rez-de-chaussée.
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Phrases déclaratives : « Ils sont là quatre-vingts, les chevilles enchaînées, qui attendent leur grâce ou leur fin. »
Présent historique ou de narration : abrite, vivons, se retourne, s’endort.
Les modalisateurs: nous, « division », immense, interdits, magnifiques.
Description (la caractérisation) : de la prison, immense prison surpeuplée, chevilles enchaînées, les chats interdits magnifiques qui jaillissent toujours du cœur des peuples… |
La torture
2 |
2- 3 |
Les tortures subies par l’auteur. |
Les modalisateurs: « », mon, j’,je, ma, exceptionnelle, atroce et sanglante, douleurs, humiliations, supplices. |
4 |
Les détenus face à leurs tortionnaires et ce qu’ils leur ont fait subir avant qu’ils ne disparaissent. |
Modalisateur: « disparition », mon, moi, me, « prit en main »
Noms de personnalité qui ont été torturés : Maurice Audin, Cheikh Tébassi, Cherif Zehar.
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5 |
Les femmes sont aussi torturées moralement et physiquement. |
Description des pratiques de la torture sur les femmes : déshabillées, frappées, insultées.
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L’auteur dédie sont récit aux disparus. 3 |
6 |
L’auteur rend hommage aux disparus et martyrs qui ont cru jusqu’à la mort à la cause algérienne. |
Les modalisateurs : « disparus », bourreaux, nos, mon, le conditionnel (pourrait). |
- Repérer la manière dont l’auteur commente un fait.
- Apprendre à utiliser les indices de modalisation.
- Distinguer les indices de la subjectivité.
Les procédés de modalisation:
Pour exprimer sa subjectivité, l’énonciateur peut utiliser ce qu’on appelle des modalisateurs. Cela passe par des mots (verbes, adverbes, adjectifs…), des expressions, mais aussi par des figures de style (métaphore ou comparaison), des signes de ponctuation ou de types de phrases particuliers.
Ils permettent d’exprimer différentes nuances:
Un doute / Une probabilité |
Adverbes : Il est peut-être coupable.
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Un sentiment |
Verbe : J’espère qu’il est innocent.
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Un jugement mélioratif ou péjoratif |
Suffixes péjoratifs: criard, jaunâtre, fadasse
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Une opinion personnelle |
Verbes: Je pense, je crois, j’estime qu’il est coupable.
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Une certitude |
Adverbe: Il est assurément coupable.
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Une mise à distance |
Guillemets: Ce « grand » homme, comme vous dites.
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Les modalisateurs sont des éléments essentiels de l’argumentation : l’énonciateur peut les utiliser pour persuader son destinataire en exprimant ses sentiments ; il peut également s’en servir pour le convaincre, en exprimant son opinion ou en manifestant une prise de distance avec l’opinion adverse.
Le saviez-vous ? Dans « subjectif » on entend le mot « sujet », cela signifie que l’énonciateur se met en avant dans son énoncé en tant que sujet; en revanche, dans le mot « objectif », on entend le mot « objet », cela signifie que l’énonciateur s’efface totalement pour laisser place à l’objet décrit uniquement.
Ces énoncés comportent des marques de modalisation : identifiez-les puis réécrivez les phrases de manière neutre et objective.
- C’est certain, ce combattant n’est pas un inconnu !
- Il a eu la chance d’être sauvé par ses camarades de combats qui sont très braves et courageux.
- La guerre en Irak aurait coûté la vie à plusieurs milliers de personnes.
- Il est dommage que nos élèves ne connaissent pas assez l’histoire de leur pays.
- Il me semble qu’en un certain sens l’histoire se répète.
- Le musée des Moudjahidines est un extraordinaire monument d’histoire.
- C’est certain, ce combattant n’est pas un inconnu !
- Réponse : Ce combattant est connu.
- Il a eu la chance d’être sauvé par ses camarades de combat qui sont très braves et courageux.
- Réponse : Il est sauvé par ses camarades de combat.
- La guerre en Irak aurait coûté la vie à plusieurs milliers de personnes.
- Réponse : La guerre en Irak a causé des milliers de mort.
- Il est dommage que nos élèves ne connaissent pas assez l’histoire de leur pays.
- Réponse : Les élèves ne connaissent pas l’histoire de leur pays.
- Il me semble qu’en un certain sens l’histoire se répète.
- Réponse : L’histoire se répète.
- Le musée des Moudjahidines est un extraordinaire monument d’histoire.
- Réponse : Le musée des Moudjahidines est un musée d’histoire.
Introduire des modalisateurs dans un texte historique.
Ajoutez dans le passage suivant les adverbes ci-dessous pour montrer votre prise de position en faveur des Moudjahidines de l’A.L.N.
Calmement, anxieusement, courageusement, résolument.
« La colonne militaire progressait …………..vers le village. Les soldats français scrutaient ………… chaque touffe d’arbustes, chaque recoin des talus. Les Moudjahidines de l’A.L.N les attendaient ... …………Un accrochage terrible eut lieu et dura des heures. Les Moudjahidines combattirent …………………..et occasionnèrent de lourdes pertes à l’ennemi».
« La colonne militaire progressait anxieusement vers le village. Les soldats français scrutaient résolument chaque touffe d’arbustes, chaque recoin des talus. Les Moudjahidines de l’A.L.N les attendaient calmement. Un accrochage terrible eut lieu et dura des heures. Les Moudjahidines combattirent courageusement et occasionnèrent de lourdes pertes à l’ennemi ».
Rédiger un texte historique et exprimer son esprit critique.
Vous voulez participer via internet à un concours sur le meilleur récit historique organisé par le ministère des moudjahiddine.
Après avoir consulté une riche documentation et regardé quelques films sur la guerre de libération ,rédigez un récit historique pour relater quelques faits douloureux vécus par le peuple algérien .
Impliquez-vous dans votre énoncé, votre intention étant de dénoncer les crimes commis par l’armée française.
Thème : Evénements les plus marquants de l’histoire de l’Algérie.
Consigne : Rédigez un récit historique pour exprimer votre opinion sur les faits d’histoire.
La grille d’auto-évaluation
Indicateurs sur la maitrise des ressources |
Indicateurs sur la mobilisation et l’intégration des ressources |
Performances + - |
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Pertinence |
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Organisation |
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Correction de la langue |
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L’histoire de la guerre d’Algérie a marqué les esprits par le nombre de victimes enregistré mais aussi par le courage et la détermination de son peuple.
L’Algérie a connu le colonialisme français pendant plus d’un siècle. Colonialisme qui s’est traduit par l’injustice dont a été victime le peuple algérien, sans oublier les conditions sociales et économiques difficiles dans lesquelles il vivait. Ces circonstances ont poussé les Algériens à se révolter et à créer de multiples associations et organisations qui ont contribué à la préparation et la déclaration de la guerre du « 1er novembre 1954 ».
Pendant ces longues années de guerre, les Algériens ont connu d’horribles tortures, une féroce répression et beaucoup d’autres atrocités qui n’ont pas atteint pour autant le courage et la volonté du valeureux peuple qui a fini par arracher sa liberté et retrouver sa dignité.
Je pense que c’est grâce aux sacrifices de nos glorieux martyrs et au courage de nos Moudjahidine que nous vivons libres et fiers. C’est pourquoi ils méritent de rester dans la mémoire collective du peuple algérien.
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المراتب الخمس الأولى في Quiz
- emma viland
- 173 نقطة
-
- mido ousszma
- 41 نقطة
-
- Hiba bel
- 22 نقطة
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- Fïñä Flåøůñä
- 20 نقطة
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- Sophienne Baudry
- -3 نقطة
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